« Le hip-hop c’est la bande son de notre vie »

Pharrell Williams leur a crié dessus, Guru les a détestés, Isaac Hayes a essayé de les semer en roulant à tombeau ouvert sur une route de montagne en Suisse… rien n’y fait. C’est simple, pour les Lyonnais Mathieu Rochet et Nicolas Venancio il n’y a pas d’interview ratée, il n’y a que des bonnes histoires.  Avec une certaine obsession pour New York et le travail bien fait, le duo Gasface s’est forgé une solide réputation chez les amateurs de… euh… chez qui en fait ? Cinéma, musique, basket, le Kungfoutre est polymorphe, ses fidèles aussi.

YARD étant de ceux-là, c’est avec beaucoup de questions et d’excitation que nous avons rencontré Mathieu, la moitié de Gasface pour la projection parisienne de leur dernière web-série : Hell Train.

 

Commençons avec les débuts de Gasface, comment vous êtes-vous rencontrés Nicolas et toi ?

Notre rencontre se fait un peu par accident. Nico bossait pour une radio lyonnaise – Radio Canut – et un été en 2002 j’ai remplacé un dj de l’émission. On s’est retrouvés tous les deux à tenir la baraque pendant les vacances. C’était marrant, on faisait un peu n’importe quoi. La radio était dans le quartier de la Croix Rousse alors parfois on ramenait des types au studio. On avait un habitué qui venait souvent, Pierre Max, un ancien prof de Luis Fernandez à Vénissieux. C’était notre mascotte, il y a une photo de lui dans chaque fanzine. Un jour il a fait un battle avec un clodo qui savait rapper « Rapper’s Delight » par cœur ! En fait notre ton tranchait vachement de celui de l’équipe habituelle qui prenait le rap très au sérieux. Pour eux, fallait pas du tout déconner avec ça. Six mois après notre rencontre, on lançait le fanzine Gasface : « Journal scientifique dédié à l’amour et la vérité. »

 

C’est l’invention du Kungfoutre…

Nico avait commencé à faire des interviews de son côté, il m’a proposé de me lancer. Madlib passait à Paris j’en ai profité, puis j’ai rapporté quelques interviews que j’ai faites pendant un voyage à San Francisco, puis on est allés en chercher d’autres… On commençait à avoir de la matière alors on a cherché un nom et on a fait le magazine. L’illumination est venue à Nico dans une station service : Gasface en référence à la chanson de Third Bass avec MF Doom et la prod de Prince Paul… L’attitude et tout, ça collait bien à notre état d’esprit.

 

En l’occurrence votre état d’esprit était fun, parfois impertinent, ce qui ne vous empêchait pas d’avoir un contenu de grande qualité.

On faisait ce qu’on voulait lire. Entre nous, on peut passer des heures à discuter de trucs précis, des sujets graves ou pas du tout : ça serait bizarre de changer au moment de prendre la parole en faisant un magazine ou un film. La démarche est de faire à chaque fois comme si c’était la dernière. On a toujours donné le maximum, comme si c’était le dernier magazine, le dernier film, la dernière fois qu’on te parlait.

Aussi, on s’est vite rendu compte que pour faire quelque chose de drôle, il vaut mieux le faire sérieusement. Il n’y a rien de plus sinistre qu’un mec qui essaye absolument d’être marrant. Ce n’est pas une finalité…

Gasface

D’où vient l’idée de votre numéro sur « ces enculés de blancs » ?

Un jour on était à New York dans la pièce aux trésors de Bobbito (Garcia, ndlr). Il nous montrait ses pépites : des démo-tapes de Nas, de Rakim avant qu’il ne s’appelle Rakim et plein d’autres trucs… Puis il nous montre son magazine dédié au basket de rue qui s’appelait Bounce. Il avait fait un numéro blanc, avec que des joueurs blancs. Sur le coup ça nous a bien fait marrer, et en fait l’idée a fait son chemin. Peu de temps après, on était en train de fabriquer le Gasface n°5, celui avec Prodigy sur la couv’. On passait des heures chez l’imprimeur pour vérifier la qualité du tirage. Comme il y avait pas mal de temps mort, on s’est mis à discuter le sommaire du numéro 6 et on a eu cette idée de titre : « Ils dansent mal ! Ils sont méchants !! Ils sont partout !!! Même Barack Obama en est à moitié un… Faut-il avoir peur de ces enculés de blancs ? ». L’injure à caractère raciale nous est jamais venue à l’idée Naïvement je m’inquiétais que pour le mot « enculé » en Une…

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